Il y a quelques jours, un article du Monde relevait que le master n’offrait plus la certitude d’une entrée facile sur le marché de l’emploi. Cet article reprenait des éléments des analyses de Louis Chauvel (la spirale du déclassement, seuil, 2016). Cet ouvrage a été beaucoup commenté soit pour saluer la qualité et la robustesse des analyses soit pour fustiger un auteur classé parmi les « déclinistes ». Louis Chauvel s’appui sur un corpus de données qui parait très solide et son analyse va au-delà de la question de la formation. Sa démonstration est qu’il y a un déclassement des classes moyennes par rapport à la période des trente glorieuses et que les enfants issus des baby boomers ont eu une situation qui s’est plutôt dégradée sur le plan de l’accès aux richesses et surtout du patrimoine (immobilier). Il analyse également le déclassement des diplôme de manière fort convaincante (l’accès à un même niveau d’emploi avec un BEPC en 1970 et un Bac en 1990).
Avec la question des Masters, il fait l’hypothèse qu’on est arrivé au bout de la logique de l’inflation de diplôme pour « rattraper » une situation antérieure. Il indique aussi qu’il serait vain de faire monter les 80% d’une classe d’age avec une licence (et 50% d’une classe d’âge avec un Master) puisque la structure d’emploi et d’activité n’est adaptée à cela. Il y a un peu du gaspillage et aussi une forme d’hypocrisie à stocker des étudiants dans des enceintes universitaires sans un avenir pour tous à la hauteur du diplôme obtenu.
Certains à l’université aiment à penser qu’il vaut mieux avoir fait des études quel que soit le jeu des possible ensuite pour le diplômé. Outre qu’on peut être en profond désaccord avec cette option, Louis Chauvel nous prévient qu’il pourrait y avoir un retournement, une réaction, des citoyens étudiants quand on aura dépassé une limite basse d’adéquation formation emploi et qu’il deviendra évident pour le plus grand nombre que le diplôme ne paie plus (ça eut payé).
Ce scénario est probable et il est même en marche dans certaines filières non sélectives et scientifiques qui sont victimes d’une désaffection importante malgré une démographie de bacheliers en augmentation.
Une réponse à donner concerne les offres de formations dans les filières non sélectives. Il faudrait au moins dépasser l’horizon de la discipline pour y introduire des aspects permettant à l’étudiant une plus grande émancipation vers les projets professionnels, un emporwement plutôt qu’un enfermement dans des disciplines devenues tellement obèses qu’on en gave jusqu’à l’écœurement les étudiants des premières année de licence.
Il va falloir oser innover dans l’université!